INTERVIEW AMINATA LO DIENG, MINISTRE DU TOURISME (par Walf Fadjri)
INTERVIEW AMINATA LO DIENG, MINISTRE DU TOURISME (par Walf Fadjri)
Aminata LO DIENG, ministre du Tourisme :
'La destination Sénégal est chère parce que les taxes aéroportuaires sont très élevées'
Le ministre des Sénégalais de l’extérieur, du Tourisme et de l’artisanat a représenté le Sénégal au Salon Top Resa qui s’est tenu du 16 au 17 septembre 2008. A l’occasion, Aminata Dieng Lô a rencontré une partie de la presse française et sénégalaise pour parler des objectifs que son département s’est fixé en matière de politique touristique, des contraintes et des raisons de sa présence dans l’un des plus importants salons concernant le secteur.
Wal Fadjri : Vous étiez à Paris au Salon Top Resa (qui s’est tenu du 16 au 17 septembre 2008) pour vendre la destination Sénégal au moment où le tourisme sénégalais stagne. Sur quels aspects avez-vous insisté pour promouvoir la destination ?
Aminata Lo Dieng : Je précise d’abord que le tourisme sénégalais se porte très bien. A titre indicatif, il représente la deuxième ressource économique de notre pays d’après les dernières statistiques et donc contribue fortement au développement de notre pays. Mais, si vous voulez, il peut se porter mieux encore si l’on active sur certains leviers. C’est ce que le gouvernement a bien compris. Nous sommes conscients que notre pays a des prédispositions naturelles au développement du tourisme. Nous avons principalement le balnéaire qui est bien vendu. Mais pour mieux faire face à la concurrence, il faut diversifier les produits, développer d’autres types de tourisme tels que l’éco-tourisme, le tourisme de découverte, le tourisme de chasse. Au niveau des différentes régions, ce potentiel existe. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre dans toutes les régions du Sénégal des plans d’aménagement pour valoriser ce potentiel existant, diversifier les produits touristiques au niveau international. C’est là un levier essentiel.
C’est vrai que nous avons quelques faiblesses dont on est bien conscient. Il s’agit de la cherté de la destination à cause des taxes. Il y a aussi la réfection des aéroports qui est en cours. L’aéroport de Dakar n’est plus apte à recevoir des milliers de touristes. Donc il faudra qu’on dépasse cet état intermédiaire pour entrer réellement dans la modernité que nous sommes en train de mettre en œuvre. Nos faiblesses, c’est aussi la formation. Le tourisme est une activité très compétitive. La qualité de service est déterminante. Il faut adapter cette qualité aux normes internationales. Nous allons nous y atteler avec la création d’écoles de formation de niveau international en nous appuyant sur le développement du partenariat public-privé.
Wal Fadjri : Comment voyez-vous la manière dont les professionnels du tourisme présentent le Sénégal dans les catalogues ? Est-ce que vous en êtes satisfaite ? Y a-t-il un besoin de faire évoluer cette image ?
Aminata Lo Dieng : Il y a besoin de la faire évoluer, même si le Sénégal est globalement bien présenté par les tours opérateurs. Ce qui fait que les 50 % des touristes qui fréquentent notre pays viennent de la France. Cela veut dire que le marché sénégalais se porte bien en France. Cela dit, le tourisme est un secteur évolutif. Il faut, de manière constante et régulière, revoir le produit et être dans la dynamique de visiter l’offre et de l’améliorer dans le sens de la demande du marché.
Wal Fadjri : Que pouvez-vous offrir de plus aux touristes français qui sont attirés par la Tunisie, le Maroc, la Grèce ?
Aminata Lo Dieng : Comme tous nos concurrents font pratiquement le balnéaire, nous sommes obligés de développer d’autres produits pour être compétif sur le marché international pour être beaucoup plus original. Il faut positionner le Sénégal comme une destination à part entière d’autant plus que nous avons une prédisposition naturelle au développement de ce type de produit. Nous avons des régions qui ont des prédispositions au développement de l’écotourisme, du tourisme de chasse, du tourisme de découverte, du tourisme historique.
Wal Fadjri : Quels investissements sont prévus pour que, dans six mois par exemple, un touriste français trouve dans les catalogues toutes ces offres ?
Aminata Lo Dieng : Je ne peux pas vous donner de deadline précis. Ce que je peux vous dire déjà, c’est ce que dans toutes les régions du Sénégal, le gouvernement a mis en place des plans d’études sur ces zones qui ont un potentiel touristique. La première phase est déjà faite : l’identification de la zone, l’étude et le plan d’aménagement. Au niveau de la région de Saint-Louis qui nous permet de développer le tourisme historique, le plan d’aménagement est déjà validé. Nous sommes en train de travailler sur ces produits. Une fois ce travail terminé, ils y figureront. Nous sommes dans la dynamique tout en mettant l’accent sur la promotion de la destination. Parallèlement, on étudie les modalités de diversification de nos produits d’ici un an, deux ans, en mettant en exergue le déveleppement de nos différentes régions qui présentent chacune une spécifité qui est propre au développement d’un tel type de tourisme. En même temps, nous avons un vaste programme d’infrastructures routières, de constructions de nos aéroports, comme dans la région Dakar et dans les autres régions, parce que le tourisme ne peut pas se développer sans les transports aériens. L’aéroport de Dakar a été entièrement réfectionné. D’ici 2011, nous allons construire un second aéroport : l’aéroport international Blaise Diagne qui sera en mesure d’accueillir plus de trafic et mettre les touristes dans de meilleures conditions.
Wal Fadjri : Depuis quelques mois, les Tours Opérators n’ont pas d’interlocuteur à Paris avec la suppression de l’agence du tourisme alors que la France, comme vous l’avez dit, fournit 50 % des touristes qui se rendent au Sénégal. Allez-vous mettre en place une autre agence ?
Aminata Lo Dieng : Je pense que vous avez bien fait de me poser cette question. Aujourd’hui, on ne peut pas être absent du marché français pour la simple et bonne raison que 50 % de notre clientèle vient de ce marché. C’est donc un marché extrêmement important pour le développement de notre tourisme. Vous savez que la promotion est un aspect fondamental pour conserver et consolider nos acquis. Mais le bureau de Paris a été fermé suite à une décision politique. Nous sommes en train de voir les modalités de réouverture de ce bureau. En plus du bureau de Paris, nous allons inspecter d’autres marhés. Par exemple, Bruxelles est un marché émetteur et émergent, nous avons envisagé d’y ouvir un bureau pour développer la promotion dans les pays du Bénélux afin de prendre notre part de ce marché. Nous allons mettre l’accent sur la promotion de proximité. Pour cela, nous voulons ouvrir un nouveau bureau à Bruxelles d’ici l’année prochaine.
Wal Fadjri : Nous avons appris que c’est le bureau de Paris que va être transféré à Bruxelles. Est-ce que c’est le cas ?
Aminata Lo Dieng : Il ne s’agit pas de transférer. Disons que Bruxelles est un acquis. Puisque le bureau de Paris a été fermé suite à une décision politique, nous sommes en train de négocier avec l’autorité pour la réouverture du bureau de Paris. On n’exclut pas la réouverture du bureau de Paris. Nous n’avons plus de bureau en Europe alors que le marché européen est déterminant et stratégique pour nous. En attendant la réouverture du bureau de Paris, le Bureau de Bruxelles pourra s’occuper de notre clientèle française. Nous avons déjà un local. Par ailleurs, j’ai déplacé le bureau de New-York à Atlanta où nous avons une forte communauté noire américaine qui s’intéresse à la découverte de Gorée. Nous avons aussi une desserte aérienne.
Wal Fadjri : Quelle est cette décision politique qui est à l’origine de la ferméture du bureau de Paris ?
Aminata Lo Dieng : C’est une décision que j’ai trouvée lorsque je suis arrivée au ministère. Je m’en suis ouverte à l’autorité. Et l’on m’a dit que c’est une décision politique. Une décision politique est la conséquence d’informations justes ou erronées. Je pense qu’on peut s’en arrêter là. Maintenant, nous allons œuvrer dans le sens de donner à l’autorité les informations par rapport à l’importance et à l’impact qu’un bureau de Paris pourrait avoir sur la préservation de nos acquis sur le marché français, mais aussi sur les perspectives qu’on a d’augmenter au niveau de ce marché. Et je suis très opimiste d’avoir l’appui de l’autorité pour rouvrir le bureau de Paris.
Wal Fadjri : Qu’est-ce que le Sénégal tire de sa participation au Salon Top Resa ?
Aminata Lo Dieng : C’est un salon extrêment important pour tous les professionnels du tourisme. C’est une rencontre qui les réunit. Ce qui est important pour notre pays, c’est d’être présent d’abord. Nous voulons repositionner notre pays sur le marché français, reconquérir d’autres marchés, faire le point sur la vente de la destination, identifier les difficultés, voir ce qui marche et ce qui ne marche pas pour apporter des rectifcations à la saison prochaine afin d’améliorer la vente de la destination. C’est pourquoi, je suis venue avec une forte délégation composée de tous les acteurs du tourisme. Cela nous permet, compte tenu de l’importance du marché français, de consolider nos acquis avec nos partenaires. Depuis que je suis arrivée (l’entretien a eu lieu mercredi 17 septembre, date d’ouverture du salon Top Resa qui a pris fin vendredi 19 du même mois, Ndlr), je rencontre les tours opérators qui sont chargés de vendre la destination, d’assurer la promotion du Sénégal. Je fais un peu le point avec eux pour voir si la destination est toujours bien positionnée et quels sont les manquements afin d’apporter des solutions. En tout cas, c’est une manière pour nous de raffermir nos liens afin de consolider nos acquis sur le marché français. C’est une occasion aussi pour notre pays de se rapprocher avec les autres pays notamment ceux de l’Afrique qui sont là, mais aussi de prospecter d’autres marchés dans lesquels nous ne sommes pas suffisamment présent. C’est l’occasion aussi pour nos professionnels de rencontrer d’autres professionnels des autres pays afin de raffirmir leurs liens et d’envisager d’autres perspectives. Donc le Top resa est doublement bénéfique pour, d’abord, l’Etat du Sénégal, mais ensuite pour les professionnels du secteur et pour la formation.
Wal Fadjri : Prenez-vous en compte la concurrence, notamment magrhébine lorsque vous vendez la destination Sénégal ?
Aminata Lo Dieng : Cette concurrence est très forte. Mais dans les pays magrhébins, c’est principalement le balnéaire. Nous avons un plus par rapport à eux : nous avons un soleil d’hiver qu’ils n’ont pas parce que l’hiver chez eux, c’est comme dans les pays européens. En plus de ce soleil d’hiver, nous avons d’autres potentialités naturelles qu’ils n’ont pas. Nous sommes dans cette dynamique d’offrir, en plus de ce qu’ils offrent, d’autres produits beaucoup plus originaux.
Wal Fadjri : Il y a également le prix du transport…
Aminata Lo Dieng : J’en viens. Par rapport au contexte mondial, on ne peut pas parler de concurrents sans pour autant parler de la cherté de la destination. C’est un grand problème pour notre pays. Pour être compétitif par rapport au Maroc, par rapport aux autres pays, il faudra jouer aussi sur la cherté de notre destination. La destination Sénégal est chère parce que tout simplement, les taxes aéroportuaires sont très élevées. Il y a, par exemple, Rdia, qui est une taxe passagère, qui nous permet de construire l’aéroport international de Ndiass. Je pense que c’est toujours pour améliorer l’offre, même si cette taxe rend le billet très élevé. Une fois que nous aurons terminé la phase de construction de notre aéroport, nous allons jouer sur ces taxes en les diminuant pour être compétitif sur le marché international, par rapport à nos concurrents qui sont le Maroc, la Tunisie, par exemple.
Wal Fadjri : Combien de touristes se rendent-ils au Sénégal annuellement ?
Aminata Lo Dieng : On a environs 900 000 touristes par an. Parmi eux, il y a, par rapport à la définition de l’Omt (Organisation mondiale du Tourisme), les Sénégalais de la diaspora. Nous comptons augmenter ce chiffre.
Wal Fadjri : Et la fermeture de l’aéroport de Saint-Louis ?
Aminata Lo Dieng : Ce ne sera qu’une courte parenthèse. Nous sommes dans la dynamique de reconstruire et d’homologuer nos aéroports, d’assurer la sécurité des touristes, des gros porteurs. Donc officiellement, nous allons le fermer à la fin du septembre pour commencer les travaux.
Wal Fadjri : A quand la réouverture ?
Aminata Lo Dieng : Je ne peux pas vous donner une date précise puisque je suis obligée de recueillir l’avis du ministre des Transports aériens. Mais soyez rassuré que c’est juste pour améliorer la qualité du service.
Wal Fadjri : Qui va financer le plan d’aménagement de la région Nord, évalué à plus de 50 milliards de francs Cfa ?
Aminata Lo Dieng : Nous avons l’accord de la Banque mondiale qui a financé le plan d’étude. Le gouvernement du Sénégal va prendre la moitié pour les infrastructures de base. Nous allons lancer un appel et développer un partenariat public-privé.
Wal Fadjri : Et la Casamance ?
Aminata Lo Dieng : Elle est en train de retrouver son dynamisme en ce qui concerne l’activité touristique. Vous savez que pendant longtemps cette région a été confrontée à des troubles (la rébellion, Ndlr) qui ont freiné le développement de l’acivité touristique. Depuis quelques années, le tourisme reprend. Les aéroports de Ziguinchor et de Cap-Skirring sont en train d’être mis aux normes internationales. Nous sommes en train de développer le tourisme communautaire. Nous avons un projet interressant dans le cadre de la valorisation de l’activité touristique.
Propos Recueillis à Paris par Moutapha BARRY
'La destination Sénégal est chère parce que les taxes aéroportuaires sont très élevées'
Le ministre des Sénégalais de l’extérieur, du Tourisme et de l’artisanat a représenté le Sénégal au Salon Top Resa qui s’est tenu du 16 au 17 septembre 2008. A l’occasion, Aminata Dieng Lô a rencontré une partie de la presse française et sénégalaise pour parler des objectifs que son département s’est fixé en matière de politique touristique, des contraintes et des raisons de sa présence dans l’un des plus importants salons concernant le secteur.
Wal Fadjri : Vous étiez à Paris au Salon Top Resa (qui s’est tenu du 16 au 17 septembre 2008) pour vendre la destination Sénégal au moment où le tourisme sénégalais stagne. Sur quels aspects avez-vous insisté pour promouvoir la destination ?
Aminata Lo Dieng : Je précise d’abord que le tourisme sénégalais se porte très bien. A titre indicatif, il représente la deuxième ressource économique de notre pays d’après les dernières statistiques et donc contribue fortement au développement de notre pays. Mais, si vous voulez, il peut se porter mieux encore si l’on active sur certains leviers. C’est ce que le gouvernement a bien compris. Nous sommes conscients que notre pays a des prédispositions naturelles au développement du tourisme. Nous avons principalement le balnéaire qui est bien vendu. Mais pour mieux faire face à la concurrence, il faut diversifier les produits, développer d’autres types de tourisme tels que l’éco-tourisme, le tourisme de découverte, le tourisme de chasse. Au niveau des différentes régions, ce potentiel existe. Le gouvernement est en train de mettre en œuvre dans toutes les régions du Sénégal des plans d’aménagement pour valoriser ce potentiel existant, diversifier les produits touristiques au niveau international. C’est là un levier essentiel.
C’est vrai que nous avons quelques faiblesses dont on est bien conscient. Il s’agit de la cherté de la destination à cause des taxes. Il y a aussi la réfection des aéroports qui est en cours. L’aéroport de Dakar n’est plus apte à recevoir des milliers de touristes. Donc il faudra qu’on dépasse cet état intermédiaire pour entrer réellement dans la modernité que nous sommes en train de mettre en œuvre. Nos faiblesses, c’est aussi la formation. Le tourisme est une activité très compétitive. La qualité de service est déterminante. Il faut adapter cette qualité aux normes internationales. Nous allons nous y atteler avec la création d’écoles de formation de niveau international en nous appuyant sur le développement du partenariat public-privé.
Wal Fadjri : Comment voyez-vous la manière dont les professionnels du tourisme présentent le Sénégal dans les catalogues ? Est-ce que vous en êtes satisfaite ? Y a-t-il un besoin de faire évoluer cette image ?
Aminata Lo Dieng : Il y a besoin de la faire évoluer, même si le Sénégal est globalement bien présenté par les tours opérateurs. Ce qui fait que les 50 % des touristes qui fréquentent notre pays viennent de la France. Cela veut dire que le marché sénégalais se porte bien en France. Cela dit, le tourisme est un secteur évolutif. Il faut, de manière constante et régulière, revoir le produit et être dans la dynamique de visiter l’offre et de l’améliorer dans le sens de la demande du marché.
Wal Fadjri : Que pouvez-vous offrir de plus aux touristes français qui sont attirés par la Tunisie, le Maroc, la Grèce ?
Aminata Lo Dieng : Comme tous nos concurrents font pratiquement le balnéaire, nous sommes obligés de développer d’autres produits pour être compétif sur le marché international pour être beaucoup plus original. Il faut positionner le Sénégal comme une destination à part entière d’autant plus que nous avons une prédisposition naturelle au développement de ce type de produit. Nous avons des régions qui ont des prédispositions au développement de l’écotourisme, du tourisme de chasse, du tourisme de découverte, du tourisme historique.
Wal Fadjri : Quels investissements sont prévus pour que, dans six mois par exemple, un touriste français trouve dans les catalogues toutes ces offres ?
Aminata Lo Dieng : Je ne peux pas vous donner de deadline précis. Ce que je peux vous dire déjà, c’est ce que dans toutes les régions du Sénégal, le gouvernement a mis en place des plans d’études sur ces zones qui ont un potentiel touristique. La première phase est déjà faite : l’identification de la zone, l’étude et le plan d’aménagement. Au niveau de la région de Saint-Louis qui nous permet de développer le tourisme historique, le plan d’aménagement est déjà validé. Nous sommes en train de travailler sur ces produits. Une fois ce travail terminé, ils y figureront. Nous sommes dans la dynamique tout en mettant l’accent sur la promotion de la destination. Parallèlement, on étudie les modalités de diversification de nos produits d’ici un an, deux ans, en mettant en exergue le déveleppement de nos différentes régions qui présentent chacune une spécifité qui est propre au développement d’un tel type de tourisme. En même temps, nous avons un vaste programme d’infrastructures routières, de constructions de nos aéroports, comme dans la région Dakar et dans les autres régions, parce que le tourisme ne peut pas se développer sans les transports aériens. L’aéroport de Dakar a été entièrement réfectionné. D’ici 2011, nous allons construire un second aéroport : l’aéroport international Blaise Diagne qui sera en mesure d’accueillir plus de trafic et mettre les touristes dans de meilleures conditions.
Wal Fadjri : Depuis quelques mois, les Tours Opérators n’ont pas d’interlocuteur à Paris avec la suppression de l’agence du tourisme alors que la France, comme vous l’avez dit, fournit 50 % des touristes qui se rendent au Sénégal. Allez-vous mettre en place une autre agence ?
Aminata Lo Dieng : Je pense que vous avez bien fait de me poser cette question. Aujourd’hui, on ne peut pas être absent du marché français pour la simple et bonne raison que 50 % de notre clientèle vient de ce marché. C’est donc un marché extrêmement important pour le développement de notre tourisme. Vous savez que la promotion est un aspect fondamental pour conserver et consolider nos acquis. Mais le bureau de Paris a été fermé suite à une décision politique. Nous sommes en train de voir les modalités de réouverture de ce bureau. En plus du bureau de Paris, nous allons inspecter d’autres marhés. Par exemple, Bruxelles est un marché émetteur et émergent, nous avons envisagé d’y ouvir un bureau pour développer la promotion dans les pays du Bénélux afin de prendre notre part de ce marché. Nous allons mettre l’accent sur la promotion de proximité. Pour cela, nous voulons ouvrir un nouveau bureau à Bruxelles d’ici l’année prochaine.
Wal Fadjri : Nous avons appris que c’est le bureau de Paris que va être transféré à Bruxelles. Est-ce que c’est le cas ?
Aminata Lo Dieng : Il ne s’agit pas de transférer. Disons que Bruxelles est un acquis. Puisque le bureau de Paris a été fermé suite à une décision politique, nous sommes en train de négocier avec l’autorité pour la réouverture du bureau de Paris. On n’exclut pas la réouverture du bureau de Paris. Nous n’avons plus de bureau en Europe alors que le marché européen est déterminant et stratégique pour nous. En attendant la réouverture du bureau de Paris, le Bureau de Bruxelles pourra s’occuper de notre clientèle française. Nous avons déjà un local. Par ailleurs, j’ai déplacé le bureau de New-York à Atlanta où nous avons une forte communauté noire américaine qui s’intéresse à la découverte de Gorée. Nous avons aussi une desserte aérienne.
Wal Fadjri : Quelle est cette décision politique qui est à l’origine de la ferméture du bureau de Paris ?
Aminata Lo Dieng : C’est une décision que j’ai trouvée lorsque je suis arrivée au ministère. Je m’en suis ouverte à l’autorité. Et l’on m’a dit que c’est une décision politique. Une décision politique est la conséquence d’informations justes ou erronées. Je pense qu’on peut s’en arrêter là. Maintenant, nous allons œuvrer dans le sens de donner à l’autorité les informations par rapport à l’importance et à l’impact qu’un bureau de Paris pourrait avoir sur la préservation de nos acquis sur le marché français, mais aussi sur les perspectives qu’on a d’augmenter au niveau de ce marché. Et je suis très opimiste d’avoir l’appui de l’autorité pour rouvrir le bureau de Paris.
Wal Fadjri : Qu’est-ce que le Sénégal tire de sa participation au Salon Top Resa ?
Aminata Lo Dieng : C’est un salon extrêment important pour tous les professionnels du tourisme. C’est une rencontre qui les réunit. Ce qui est important pour notre pays, c’est d’être présent d’abord. Nous voulons repositionner notre pays sur le marché français, reconquérir d’autres marchés, faire le point sur la vente de la destination, identifier les difficultés, voir ce qui marche et ce qui ne marche pas pour apporter des rectifcations à la saison prochaine afin d’améliorer la vente de la destination. C’est pourquoi, je suis venue avec une forte délégation composée de tous les acteurs du tourisme. Cela nous permet, compte tenu de l’importance du marché français, de consolider nos acquis avec nos partenaires. Depuis que je suis arrivée (l’entretien a eu lieu mercredi 17 septembre, date d’ouverture du salon Top Resa qui a pris fin vendredi 19 du même mois, Ndlr), je rencontre les tours opérators qui sont chargés de vendre la destination, d’assurer la promotion du Sénégal. Je fais un peu le point avec eux pour voir si la destination est toujours bien positionnée et quels sont les manquements afin d’apporter des solutions. En tout cas, c’est une manière pour nous de raffermir nos liens afin de consolider nos acquis sur le marché français. C’est une occasion aussi pour notre pays de se rapprocher avec les autres pays notamment ceux de l’Afrique qui sont là, mais aussi de prospecter d’autres marchés dans lesquels nous ne sommes pas suffisamment présent. C’est l’occasion aussi pour nos professionnels de rencontrer d’autres professionnels des autres pays afin de raffirmir leurs liens et d’envisager d’autres perspectives. Donc le Top resa est doublement bénéfique pour, d’abord, l’Etat du Sénégal, mais ensuite pour les professionnels du secteur et pour la formation.
Wal Fadjri : Prenez-vous en compte la concurrence, notamment magrhébine lorsque vous vendez la destination Sénégal ?
Aminata Lo Dieng : Cette concurrence est très forte. Mais dans les pays magrhébins, c’est principalement le balnéaire. Nous avons un plus par rapport à eux : nous avons un soleil d’hiver qu’ils n’ont pas parce que l’hiver chez eux, c’est comme dans les pays européens. En plus de ce soleil d’hiver, nous avons d’autres potentialités naturelles qu’ils n’ont pas. Nous sommes dans cette dynamique d’offrir, en plus de ce qu’ils offrent, d’autres produits beaucoup plus originaux.
Wal Fadjri : Il y a également le prix du transport…
Aminata Lo Dieng : J’en viens. Par rapport au contexte mondial, on ne peut pas parler de concurrents sans pour autant parler de la cherté de la destination. C’est un grand problème pour notre pays. Pour être compétitif par rapport au Maroc, par rapport aux autres pays, il faudra jouer aussi sur la cherté de notre destination. La destination Sénégal est chère parce que tout simplement, les taxes aéroportuaires sont très élevées. Il y a, par exemple, Rdia, qui est une taxe passagère, qui nous permet de construire l’aéroport international de Ndiass. Je pense que c’est toujours pour améliorer l’offre, même si cette taxe rend le billet très élevé. Une fois que nous aurons terminé la phase de construction de notre aéroport, nous allons jouer sur ces taxes en les diminuant pour être compétitif sur le marché international, par rapport à nos concurrents qui sont le Maroc, la Tunisie, par exemple.
Wal Fadjri : Combien de touristes se rendent-ils au Sénégal annuellement ?
Aminata Lo Dieng : On a environs 900 000 touristes par an. Parmi eux, il y a, par rapport à la définition de l’Omt (Organisation mondiale du Tourisme), les Sénégalais de la diaspora. Nous comptons augmenter ce chiffre.
Wal Fadjri : Et la fermeture de l’aéroport de Saint-Louis ?
Aminata Lo Dieng : Ce ne sera qu’une courte parenthèse. Nous sommes dans la dynamique de reconstruire et d’homologuer nos aéroports, d’assurer la sécurité des touristes, des gros porteurs. Donc officiellement, nous allons le fermer à la fin du septembre pour commencer les travaux.
Wal Fadjri : A quand la réouverture ?
Aminata Lo Dieng : Je ne peux pas vous donner une date précise puisque je suis obligée de recueillir l’avis du ministre des Transports aériens. Mais soyez rassuré que c’est juste pour améliorer la qualité du service.
Wal Fadjri : Qui va financer le plan d’aménagement de la région Nord, évalué à plus de 50 milliards de francs Cfa ?
Aminata Lo Dieng : Nous avons l’accord de la Banque mondiale qui a financé le plan d’étude. Le gouvernement du Sénégal va prendre la moitié pour les infrastructures de base. Nous allons lancer un appel et développer un partenariat public-privé.
Wal Fadjri : Et la Casamance ?
Aminata Lo Dieng : Elle est en train de retrouver son dynamisme en ce qui concerne l’activité touristique. Vous savez que pendant longtemps cette région a été confrontée à des troubles (la rébellion, Ndlr) qui ont freiné le développement de l’acivité touristique. Depuis quelques années, le tourisme reprend. Les aéroports de Ziguinchor et de Cap-Skirring sont en train d’être mis aux normes internationales. Nous sommes en train de développer le tourisme communautaire. Nous avons un projet interressant dans le cadre de la valorisation de l’activité touristique.
Propos Recueillis à Paris par Moutapha BARRY
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